Plus qu’une simple peau, l’Ecorce raconte la vie des arbres Imprimer
mercredi, 09 juillet 2008 14:34

Superbes silhouettes mis à nues par l’hiver, les arbres vous dévoilent leurs précieuses écorces, surprenantes, colorées ou travaillées à la façon d’une œuvre d’art par le temps qui s’écoule.poirier

N’hésitez pas à les caresser pour mieux les découvrir. Erables, bouleaux, cerisiersprunus serrula

, pins, sequoias…

Les plus précieux, les plus célèbres sont les érables mais bien souvent on ne pense qu’à leur splendide décoloration automnale. Il faut s’approcher des érables à peau de serpent sans crainte !acer-capillipes

Belle écorce gris vert jaspée de blanc pour l’Acer davidii, envoyé de Chine par le père David, vert olive à fines rayures blanches pour l’Acer capillipes, venu du Japon. Au 19éme de grands naturalistes passionnés ont sillonné l’Asie en quête de ces trésors botaniques tout à fait adaptés à nos jardins. L’Acer griseum à l’écorce luisante couleur cannelle, desquame en jolis copeaux qui s’enroulent comme du papier. Au printemps, le contraste avec ses épis floraux jaune verdâtre et ses jeunes feuilles bronze est un véritable enchantement. Plus saisissantes encore, sont les écorces corail sous la neige qui savent se rendre plus discrètes les beaux jours arrivés.

Les plus mal utilisés sont les bouleaux,bouleau

qu’il faut redécouvrir sous un autre jour. Dénommé Betula, ils nous viennent de tous les continents. Le bouleau noir (Betula Nigra) desquame en épais rouleaux, son écorce d’un joli brun rouge devient progressivement noire avec les années. L’écorce du Betula papyfera, d’un blanc éclatant ponctué de rose crème servait à recouvrir les canots et tipis des indiens d’Amérique. Actuellement dans de nombreux pays, on exploite les diverses propriétés des écorces dans le bâtiment, le textile et l’artisanat. On cultive plus d’une vingtaine de variété de bouleaux : ports gracieux, belles couleurs d’automne, chatons jouant avec le vent. Ils s’accommodent de tous les sols des plus pauvres aux plus marécageux.

physocarpus

Surprenant ! Le sequoia dendron giganteum avec son écorce spongieuse, largement crevassée, d’un beau brun rouge dans laquelle vous pourrez enfoncer vos doigts. Facile alors d’imaginer à quel point l’écorce est vivante, véritable peau de l’arbre, protectrice, nourricière. Elle sert aussi à éliminer les substances nocives. Les jeunes platanes semblent ouvrir de petites fenêtres dans leurs écorces, plus âgés,

platane leurs grandes écailles dessinent de beaux tableaux colorés.

Floraison blanche, décoloration automnale jaune ravissante, le prunus maackii desquame en fins copeaux sur une écorce ambrée. Le plus séduisant pour son tronc, le prunus serrula brille d’une écorce toute lisse brun acajou, elle s’exfolie en bandes étroites. Ces belles écorces sont ponctuées de lenticelles qui permettent les échanges gazeux avec l’extérieur. Véritables petites bouches pour respirer, elles en prennent volontiers la forme chez les prunus.ecorce-prunus

Si vous croisez le peuplier blanc en chemin, vous serez définitivement convaincu, ses lenticelles ont des lèvres qui semblent vous raconter de belles histoires mais vous ne serez pas le premier à les entendre : « Les arbres ne vous ont jamais parlé ? C’est peut être que vous n’êtes pas assez intéressant, monsieur l’instituteur »Marcel Pagnol.

heptacodium

Bonne adresse : La pépinière jean Pierre Hennebelle à Boubers sur Canche .Beau livre : l’âme des plantes de Patrick Mioulane. Superbe site internet : artsylva.com

Sylvie FONTAINE texte publié dans la Voix du Nord hiver 2008